Pourquoi vous levez-vous le matin? C’est l’une des questions très simples et infiniment profondes que le neuroscientifique et écrivain Ken Mogi pose dans son Petit Livre de l’ikigaï. De iki, «vivre», et gaï, «raison», le mot désigne «la méthode japonaise pour trouver un sens à sa vie». Pourtant, il ne parlera ni de grandes causes ni d’ambitions grandiloquentes mais plutôt de milles et une petites choses pour trouver son bonheur quotidien.
En guise de mise en bouche, Ken Mogi nous emmène dans l’un des meilleurs restaurants de sushis du monde, qui a eu l’honneur de servir Barack Obama, alors président américain, lors de sa visite officielle au Japon en 2014. L’histoire du chef cuisinier Jiro Ono, qui fait ses débuts dans une modeste échoppe avant de décrocher trois étoiles Michelin, illustre parfaitement l’un des «piliers» pour construire son ikigaï: il n’est pas nécessaire d’avoir en vue d’objectifs grandioses, il suffit de trouver une occupation qui nous procure du plaisir et d’y mettre son cœur.

Petites joies éphémères

L’ikigaï ne rime pas forcément avec succès professionnel, même s’il n’est pas rare qu’il y amène ceux qui vivent dans cet état d’esprit. «Détendez-vous», conseille Ken Mogi, vous n’avez rien à prouver à personne ni à vous-même pour trouver votre bonheur personnel. On peut être pêcheur, artisan ou modeste ouvrier en harmonie avec le monde et soi-même. L’ikigaï, c’est certes le sentiment d’avancer au mieux dans son travail, mais ce sont surtout toutes ces joies éphémères que les Japonais savent savourer: la petite pâtisserie du matin qui accompagne un thé vert, le café fraîchement moulu, le bruissement des feuilles dans un vent de printemps, des rencontres amicales ou un loisir qui nous absorbe au point de faire oublier le temps…
De Tokyo à Okinawa, en passant par le mont Fuji et les sanctuaires entourés de forêts millénaires, Ken Mogi nous invite à un voyage intérieur avec des détours passionnants où l’histoire et la culture du Japon côtoient les concepts de la psychologie moderne et des neurosciences, où les cuisiniers des nouilles ramen rejoignent les ingénieurs de l’iPhone dans l’esprit de la perfection et où les lutteurs de sumo et les danseurs du ballet parisien partagent le même sens d’abnégation.